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Silvio Santos, le roi du divertissement brésilien, est mort

Sous les tropiques, il était admis de longue date que seule la disparition de trois personnalités avait le pouvoir d’arrêter tout le Brésil : celle du « roi » du football Pelé (décédé en 2022), du crooner superstar Roberto Carlos (aujourd’hui âgé de 83 ans) et, enfin, du légendaire animateur télé Silvio Santos, qui est mort samedi 17 août, à Sao Paulo, emporté par une bronchopneumonie. Il était âgé de 93 ans.
Les hommages n’ont cessé de pleuvoir, en particulier sur ce petit écran que Silvio Santos a occupé comme personne durant six décennies. Le président Luiz Inacio Lula da Silva a salué « une des personnes les plus connues et aimées » du Brésil et décrété trois jours de deuil national. Des portraits de l’animateur ont été projetés sur les murs de Sao Paulo et dans les stades de foot. « Nous avons perdu la joie », s’est émue Ana Maria Braga, autre présentatrice phare de la télé locale.
Hissé aux sommets de la popularité, Silvio Santos a commencé sa vie en bas de l’échelle sociale. Issu d’une famille de commerçants migrants grecs et turcs de confession juive, l’animateur voit le jour à Rio de Janeiro en 1930 sous le nom de Senor Abravanel. L’adolescent travaille la journée comme vendeur ambulant avant de hanter le soir venu les salles obscures de la bien nommée place Cinelandia, au centre-ville. Les stars d’Hollywood le fascinent…
Le jeune homme s’adonne aux tours de cartes et anime des bingos sur les bateaux traversant la baie de Guanabara. Doté d’un bagout hors normes, le voilà repéré et embauché par plusieurs radios, puis par la TV Globo, plus grande chaîne du Brésil, où il travaille durant dix ans. Après avoir déménagé à Sao Paulo, Senor Abravanel adopte le nom plus vendeur de « Silvio Santos » et fait ses armes comme animateur dans un Brésil qui devient accro aux écrans.
Entre-temps, il s’enrichit en créant le « Coffre de la joie », sorte de loterie informelle, permettant de gagner des prix ou un passage à l’antenne. Fort de son succès, Santos fonde en 1981 son propre réseau audiovisuel, le Système brésilien de télévision, ou SBT. Proposant des programmes populaires, bien plus décontractés que ceux de la conservatrice TV Globo, la chaîne devient vite l’une des trois plus regardées du Brésil.
Le patron anime en personne et en direct les programmes du dimanche. Détendu, ondoyant, armé d’un brushing impeccable et d’un sourire éclatant, Silvio Santos présente roues de la fortune, télé-crochets et autres bavardages avec le public. Afin de garder les mains libres, il fixe un gros micro gris à sa cravate : sa marque de fabrique. Le show bariolé de ce Michel Drucker XXL dure parfois dix heures et réunit des dizaines de millions de spectateurs.
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